Le
"Chi", le "Ki",
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«Le
"présent" est un éclair qu'il faut
saisir dans une action de qualité, en adhérant
pleinement à l'énergie du "ki".»
«Votre
"ki", ou souffle, doit coïncider
avec celui de l'univers.»
Maître Morihei
Uyeshiba ( fondateur de l'Aïkido 1883-1969)
(Propos
rapportés par son disciple direct Maître André
Nocquet. Editions Guy Trédaniel.)
«Ki
est la manifestation de l’énergie universelle.
Il met en mouvement, propulse. Il fait couler
le sang dans nos veines, stimule les influx
nerveux, régénère nos cellules et crée le
mouvement vital. Un ki fort rend la vie intense.
En Zazen, on
est immobile, concentré sur l’expiration profonde,
un ki très fort se développe. Comment
l’utiliser? Par la concentration: mettre son
énergie vitale dans une seule action à la
fois. Zazen apprend à vivre ainsi.
Dans la civilisation
moderne, la dispersion, l’agitation mentale,
le désordre des pensée, l’anxiété font perdre
le Ki.»
Enseignement
de Maître Taisen Deshimaru
("ZEN"
de Michel Bovay, Laurent Kaltenbach, Evelyn
de Smedt, chez Albin Michel.)
Sarbacana
le Voie du Kiaï (Ki-Aï).
Le Kiaï = l'espace-temps de la "Depcision".
La pratique d'un sport
contribue à modeler et renforcer nos façons
d'être et d'agir, et leurs conséquences dans
la vie quotidienne. D'où l'intérêt d'ouvrir
le champ des énergies qui dynamisent notre
vigueur, et de ne pas rester à seulement nous
exalter et nous féliciter des résultats obtenus
par nos énergies d'agressivité et de compétition,
exploitant seulement nos "Ki" basiques
de survie et de prédateur.
"Par contre dans les premières phases de sa maturation il est préférable que le Ki soit, aussi, forgé dans la friction et l'affirmation de soi qu'offrent les sports de compétition. Et c'est seulement lorsque ce type de Ki est bien trempé de cette manière, qu'il va pouvoir être éclairé et maturé de toute autre manière… par les chemins du "lacher-prise" du "non-agir" Zen.
La Voie du Sarbacana est une
discipline de maîtrise de la projection de
l'énergie du souffle (le "ki"
ou "Chi") en soi
et hors de soi.
Comme tous les idéogrammes chinois
anciens, celui qui représente le "Chi"
est riche de sens. Il peut aussi bien signifier
: la respiration, le souffle, le vent, l'énergie
vitale qui circule dans le corps, l'énergie
universelle et fondamentale qui emplit l'univers...
l'esprit originel. Nous baignons dans le "Chi"
comme des poissons dans l'eau, alors même
que le "Chi" baigne en nous.
Comme il n'y a pas vraiment d'équivalent
en Occident à cette notion de souffle vital,
alors qu'elle est par ailleurs idéalement
appropriée à la pratique de Sarbacana, nous
avons conservé les termes "Chi"
chinois et "Ki" japonais .
Cependant
nous utilisons plus souvent le son "Chi"
chinois, pour la résonance du phonème, et
la dynamique du souffle qu'il induit, le "cheee"
de "Chi" étant plus proche du souffle
que nous produisons dans nos sarbacanes.
AT...Chiii
! comme le son produit par un éternuement,
l'éternuement étant l'instant où le souffle
sort le plus rapidement du corps, à la vitesse
d'un jet de sarbacane.
Dans
la pratique il m'arrive de m'entendre dire
«Donnez du "Ki" au "Chi"»,
ou inversement. Mettre en interaction le même
mot dans deux langues différentes est sans
doute bien peu orthodoxe. Cependant pour le
ressenti d'une oreille occidentale, "Ki"
et "Chi" sont porteurs de sens énergétiques
différents. Et ces nuances sont très signifiantes
dans la pratique de Sarbacana.
Le
"Chi" dont on dispose a très
exactement la qualité du type de vigilance
qui l'éclaire. Ainsi les façons de dynamiser
le "Chi" sont identiques aux façons
de dynamiser notre attention, et nous
avons pu voir précédemment que plusieurs chemins
nous sont offerts. Mais, comme nous l'avons
aussi constaté, la forme d'attention qu'offre le mental ne
peut se poser que sur un seul pôle à la fois
; elle peut rebondir très vite d'un pôle à
l'autre, mais jamais percevoir les deux pôles
antagonistes au même instant.
Pourtant,
le moindre de nos actes manifeste en nous
des énergies antagonistes en même temps. La
vie manifestant en nous une myriade d’énergies
dualistes exactement au même instant, ceci
implique que l'énergie du "Chi"
n'est pas seulement : immobile puis en mouvement... fermée puis ouverte... tournant dans un sens
puis dans l'autre... Non ! A chaque instant,
cette énergie tourne dans les deux sens en
même temps, elle est fermée et
ouverte, en mouvement et immobile tout à la fois, tout cela
absolument au même instant.
Et
lorsque nous percevons le "Chi"
sous un seul aspect : comme ceci ou bien comme cela,
c'est en fait la forme de notre attention
qui nous est montrée, pas la forme du "Chi".
Ainsi, lorsque nous dynamisons l'énergie
par nos pensées, nous ne faisons que lui imposer
les limitations unilatérales et linéaires
de celles-ci.
Nous ne faisons qu'entraver le "Chi"
en voulant le libérer par les rêveries de
nos pensées.
Nous
n'avons pas à aider le "Chi", c'est
lui l'Aide, lui le Guide.
Nous
n'avons pas à lui enseigner le chemin, c'est
lui l'enseignant, lui le chemin.
Nous
n'avons pas à nous ouvrir de force pour l'accueillir,
c'est lui la force d'ouverture.
Le "Chi" ouvre la Conscience,
la Conscience ouvre le "Chi".
Eclairer
le "Chi" de conscience libère le
"Chi".
Le
"Chi" en nous est en quelque sorte
l'aspect énergétique de la conscience, ou
plutôt l'une des dynamiques d'incarnation
de la Conscience. Et nous pouvons le ressentir,
l'intensifier et le conduire par la connaissance
et la maîtrise des souffles qui accompagnent
nos différents types de conscience..
Ainsi, curieusement et transparadoxalement,
c'est grâce au "Chi" que nous contrôlons
le "Chi"...
*
Bien sûr, les désirs du mental utilisent
et s'approprient, eux aussi, cette énergie
pour arriver à leurs fins. Par exemple, quels
peuvent être les rêves d'un guerrier ? Avoir
la peau dure comme une armure, des membres
percutants et pénétrants comme des lames d'acier.
Et c'est bien sûr afin d'obtenir cela qu'il
va domestiquer
le "Chi".
Oh,
le "Chi" se prête aussi à ça! Il
est énergie vitale et, en tant que tel, peut
prendre toutes les formes de la vie, toutes
les formes de l'esprit.
Mais
n'est-il pas dommage de domestiquer le "Chi", à seule
fin de le mettre au service
des seuls rêves de puissance du mental
?
N'est-il
pas dommage de toujours vouloir contraindre
ce qui est l'essence même de notre liberté
?
Oui,
bien sûr, avec le "Chi" l'on peut
casser des planches ! Mais n'oublions pas
que ce même "Chi" a fait pousser
l'arbre qui offre cette planche que brise
le
guerrier pour sa démonstration.
Pour projeter du concentré
d'énergie hors de son corps, un jet de colère,
un jet d'agressivité donnent un "Chi"
immédiatement puissant. L'efficacité est si
rapide qu'il peut être difficile lorsqu'on
a obtenu des résultats gratifiants par ce
chemin, de l'abandonner pour prendre le chemin
de la vacuité et de la conscience, car la
réalisation d’un "Chi" non dynamisé
par l’agressivité peut demander, lui, beaucoup,
beaucoup plus longtemps à mûrir.
Comme dans l'Aïkido, le "Chi"
que nous activons et chevauchons dans la pratique
des jets de souffle Sarbacana naît d'une profonde
quiétude intérieure, d'un souffle qui prend
appui sur un sol de tranquillité.
Corps
et esprit détendus rassemblés sur la respiration.
C'est du coeur de cette relaxation que naît
l'instantanéité et le tranchant de notre jet
de souffle.
La
droite puissante du jet-souffle, jailli d'une
respiration ronde, douce, tranquille et fluide.
M.L.
Dioptaz